CHALLENGE 2021
LES POÈMES DE L'AUBE
de JANVIER à AVRIL
Un poème chaque matin...
Suite du challenge 2021 : de MAI à AOÛT
Suite du challenge 2021 : de SEPTEMBRE à DÉCEMBRE
JANVIER
Début janvier 2021, une nouvelle année commence. Souhaitons-la plus belle que la précédente, libérée d'un virus sournois.
Un poème chaque jour, parfois avec un peu d'avance ou de retard.
Poèmes à cueillir du bout des lèvres,
poèmes à partager.
Photo de l'auteure
(1) UNE PENSÉE...
Une pensée senvole
et je rêve
dun monde sans limites
où les rires se mêlent
au souffle de la lune,
à laube de léveil.
Une pensée chemine
et jécoute
les paroles perdues
du vieillard endormi
et les balbutiements
de lenfant étonné.
Une pensée renaît
et jespère
que lhomme sans regrets
saura ouvrir les yeux
et redresser la barre
de la vie malmenée.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(2) VIOLENCE
La violence a semé
des graines de colère
sur les sentiers rongés
par les griffes du temps.
La violence rumine
ses envies délétères
et ne fait que détruire
les couleurs du présent.
Sans songer à demain
ni bâtir un ailleurs,
elle étend son pouvoir
et distille la peur.
La violence rugit
et les mots de Gandhi
gémissent sous les coups.
Un pâle espoir de paix
renaîtra de ses cendres
un jour,
un jour lointain...
Mais saurons-nous attendre ?
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(3) LUEUR
Une lueur dans la nuit
Une lumière qui vacille,
danse incertaine,
danse improbable,
clarté de lait venue dailleurs,
clarté despoir dans la nuit noire.
Espoir si pâle,
pourtant présent
bien à labri au creux des paumes
pour échapper à la colère,
à linjustice, à la révolte
qui souffle et sessouffle en tempêtes,
pour ne pas séteindre
sous laverse
de larmes ininterrompues.
Une lueur entre les mains
et lespoir dune renaissance
quand notre cur est dévasté,
que la vie a perdu son sens.
Une lueur, tel un murmure,
presque invisible, inexistante.
Lespoir grandit,
lespoir revit...
Et cette flamme sen empare.
Lobscurité devient moins sombre,
un chant doiseau sen fait lécho.
Plus loin, plus tard,
des retrouvailles
et des chemins qui se recroisent
à linfini.
Ann Rocard
Détail d'une céramique de l'auteure
(4) ÉTINCELLE D'UN INSTANT...
Je lai perçue dans ton regard,
cette étincelle à peine éclose.
Nous navions pas les mêmes mots,
les mêmes gestes de silence...
Et tout semblait nous séparer
accentuant nos différences.
Pourtant sur les chemins de vie,
nos deux destins se sont croisés,
une seconde au clair de nuit,
un court instant déternité.
Tu es mon frère,
tu es ma sur
dun monde qui mest inconnu
et nous ne nous reverrons plus.
Mais nous avons su partager
de cur à cur,
et hors du temps
cette étincelle du levant,
une pensée dégalité.
Ann Rocard
Céramique de l'auteure
(5) OISEAU DE PASSAGE
Je suis un oiseau de passage
à lombre dun jardin secret,
brodé de vent, de fleurs sauvages...
Je suis loiseau dun songe étrange.
Je siffle un refrain oublié
ou lutopie du devenir
dans ce jardin, havre de paix...
Pinson, sittelle ou bien mésange.
Je rêve dun monde nouveau,
dun jardin bleu sans violence,
fleuri despoir, bercé de mots...
Ecoutez le souffle de lange !
Je suis loiseau du lendemain,
posé sur la branche du cur,
loiseau qui choisit son destin...
Il est temps que le monde change.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(6) DES MOTS...
Des mots venus du cur,
mots doux ou mots desprit,
sur la pointe des lettres,
juste un souffle sans bruit...
Des mots tout en couleur qui ne font que passer
sans oser résonner, des mots de lintérieur.
Des mots quon garde en soi sur un long fil de soie,
ou des mots qui simpriment
sur des feuilles immenses.
Mots de vie, mots despoir,
mots vibrant de silence.
Puis un matin sans doute,
les voilà qui sélancent.
Posés au bord des lèvres,
Ils trébuchent,
ils hésitent.
Sauront-ils senvoler, se suivre ou ségarer ?
Guidés par la lumière,
ils quittent le silence,
troublés par un écho, par lécho dautres mots.
Et ces mots qui senvolent,
ensemble, réunis, donnent un nouveau sens
à ce qui les construit.
Ainsi naît la parole,
le lien qui nous unit.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(7) ÉCOUTE
Ecoute les bruits, le chant de la vie,
Ecoute les rêves
au fil de la nuit,
rêves épurés ou chargés dembruns,
appels incompris, secrets incertains.
Ecoute les mots parfois murmurés
par ceux dont les choix ne sont que brouillard.
Ecoute leurs corps, leurs moindres regards.
Ecoute le vent muet de naissance.
Ecoute les voix noyées despérance.
Ecoute ton âme
venue de si loin,
elle a tant à dire,
ses mots sont les tiens.
Ecoute léther de la connaissance.
Ecoute sans fin le cur du silence.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(8) VAGUE
La vague
divague
entre écume et soupirs.
La vague
élague
les larmes dun sourire.
La bague
en vogue
à lorée du désir.
La bogue
en vague
en quête davenir.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(9) LA MER A DES REFLETS DE GIVRE
Laube sétend de rose en gris,
la mer a des reflets de givre.
Et sur le sable qui crépite,
un cri doiseau soudain senivre.
Des pas séloignent sans retour,
lhorizon nest quun souvenir.
Des pas en quête dinfini...
Le grand oiseau se met à rire.
Qui marche ainsi quand point le jour ?
Qui croit encore à lutopie ?
Qui sont ces êtres invisibles
dont les pas sont signes de vie ?
Laube sétend de mauve en bleu,
le ciel a des reflets de mer.
Les pas séloignent,
loiseau les suit
sur le givre blanc du désert.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(10) IVRE DE GIVRE
Le givre
menivre
Je ressens un bonheur intense...
Etoile blanche au bord des feuilles
aspirée par la Voie lactée,
perles de glace qui maccueillent.
Le givre
menivre
Les pensées nont plus dimportance...
Sous la dentelle des fougères,
je fais soudain partie dun tout
en expansion et sans repères.
Le givre
menivre
Le froid mentraîne dans sa danse...
Je glisse entre les fleurs de glace,
voyage au cur de lunivers
entre les herbes qui menlacent.
Le givre
menivre
et me délivre
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(Au fond à droite, Ouistreham où de nombreux migrants sont en attente d'un jour nouveau)
(11) ERRANCE
Tes yeux se sont fermés
sous un éclair de lune.
Tes mots se sont fanés,
un rien les importune.
La vie na plus de sens,
la vie nest quune errance
quand le jour se fait nuit.
Et ta peine est immense.
Mais bientôt dans labîme,
une voix qui tappelle,
une présence infime,
la caresse dune aile...
Libéré des frontières,
un souffle de lumière
murmure à linfini,
glisse sur tes paupières.
Tu recouvres la vue,
tu recouvres lespoir
dêtre enfin reconnu...
Et tu renais ce soir
dans un éclat de rire
bercé de souvenirs.
La lune de minuit
peut enfin refleurir.
Ann Rocard
(12) UN PETIT RIEN
Un petit rien,
le mien, le tien...
Un petit rien
que rien neffraie.
Un vol de chouette
blanc dans la nuit
où seul renaît
le temps perdu dun oiseau pâle.
Et son reflet dans le miroir
peut senvoler sans quune trace
vienne prouver son existence.
Jaime le chant que son écho
laisse pourtant à la surface
de ce miroir peu déformé
quest la vie reprenant son cours.
La source ne tarit jamais
et le torrent bondit nerveux
entre les herbes dun refrain.
Jaime son chant qui samenuise
et lhorizon que lon atteint
un soir sans brise.
Ann Rocard
Acrylique sur toile (thème lumière)
Acryliques
(13) DANSE ÉPHÉMÈRE
Quelques points de lumière
perdus parmi les ombres,
une lueur despoir
à laube dun sourire,
une main qui se tend,
deux trois grains de poussière
et lon donne en partage
une danse éphémère.
Quelques points de lumière
et lunivers explose
en des gerbes de feu
garance ou corallines,
bouquets incandescents
en mille éclats de verre...
et lon donne en partage
un amour sans frontières.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(14) ANTHROPOCÈNE
Errant dans lanthropocène,
ils ne savent où aller,
chassés les uns par le feu,
les autres par les marées.
Les mains tendues vers labîme,
pieds de sang sur les graviers,
la Terre est perdue pour eux,
la Terre est perdue pour elle.
Lhomme assoiffé la détruit
buvant les sources lointaines
sans entendre la complainte
des plantes et des baleines.
Mis en scène et misanthrope,
comment fuir lanthropocène
quand la glace sévapore
et les typhons se déchaînent ?
Nombreux sont ceux qui pourtant
tentent de sauver la Terre,
mais les fous ne voient queux-mêmes,
nombrils surdimensionnés...
Les fous gavés de pouvoir
nécoutant que leur bien-être
se moquent du désespoir,
de tous ceux qui désespèrent.
Les plaies de lanthropocène
ne seront pas éternelles,
quand les pluies dor et détoiles
les panseront détincelles.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(15) LE VIEIL HOMME ET LE VENT
Le vent siffle à travers les murs
la complainte dun vieil ermite.
Homme des steppes,
homme sans âge
qui caresse le fil du temps
à la poursuite inespérée
de limprobable vérité.
Revêtu dun manteau de neige,
il avance à pas de velours
vers lOrient où doit renaître
un soleil plus vrai que nature.
Le vent criaille et sévertue
à lui faire oublier son but.
« La vérité nexiste pas !
hurle le vent sur la toundra.
La vérité nest quutopie,
rejoins les tiens, ta vie paisible ! »
Mais le vieil homme
sans fin sourit,
le regard fixé sur un monde
dont il ne perçoit que les sons
depuis quil a perdu la vue.
Monde aux couleurs de lespérance,
monde de paix, sans faux-semblants
où la confiance est étincelles
et la vérité évidente.
Ann Rocard
Acrylique sur toile de l'auteure
Acryliques
(16) PRÉLUDE
Ferme les yeux, tout est prélude
à la venue dun jour de miel.
Les doigts égrènent
sur les portées
des trilles aux reflets cuivrés,
deux trois soupirs
entre deux clefs.
Bel interlude...
Ouvre les yeux, tout est prélude
à lexplosion immatérielle
de quelques notes
en farandole,
délaissant dièses et bémols.
Et la musique
enfin senvole.
Sans servitude.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(17) AU CUR D'UN ARBRE
Regard étrange au cur dun arbre
à laffût de siècles perdus.
Regard au détour de lécorce
dont la paupière se soulève
mais ne sétonne plus de rien.
Regard pétrifié dans le marbre.
Regard fixe dun centenaire
dans ce monde où tout évolue.
Il est le feu, il est lesprit
de tous ceux qui lont précédé
entre broussailles et futaies
à lorée dun bois sans clairière.
Regard dont la pupille attire
un enfant surpris par la pluie,
un enfant qui croit aux esprits,
peuple invisible des forêts.
Mythe ou légende ?
Quelle importance...
Regard dont on ne saurait dire
sil est empreint de connaissance.
Mais larbre peut grâce à lenfant
revivre encore
quelques instants
puis dans un souffle sévanouir.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(18) SPIRALE ÉPICÉE
Jaime la valse des spirales,
la plongée dans limmensité
dun songe orange et musical
où le jaune sest égaré.
Jaime le refrain des spirales
et son écho qui sévanouit
dans lespace intersidéral,
étourdissante mélodie.
Jaime le parfum des spirales,
zestes dagrumes,
poudres dépices
de ces tourbillons apétales
qui me surprennent, métourdissent.
Jaime le souffle des spirales
souffle témoin dun long voyage
dans un univers de cristal...
Imaginaire ou bien mirage ?
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(19) PORTE FERMÉE
Porte fermée dun univers
fait de brumes impénétrables.
Porte fermée en bois vernis...
Trois coups frappés tel un écho
qui se répète à linfini.
Trois coups que le silence emporte,
pâle reflet dune élégie.
Ce monde opaque et inconnu
ne laisse entrer que les zéphyrs
qui se glissent par la serrure
à la ferrure alambiquée.
Porte limite entre deux mondes
quon pourrait pourtant réunir
si la lumière fleurissait
après tant dannées de ténèbres.
Porte fermée sur les non-dits,
les mots blessés, les gestes fous...
De part et dautre de ce mur
infranchissable de brouillard,
des mains tremblent,
des yeux murmurent,
des chants muets se font entendre.
Qui saura entrouvrir la porte,
desceller les pierres de brume ?
Qui soufflera sur la pénombre,
fera valser les galaxies
et allumera,
une à une,
les étoiles
au cur de la nuit ?
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(20) MARCHE ININTERROMPUE
Le refrain de nos amours
a bercé laube du temps.
Jai marché dun pas tranquille,
je me retournais souvent.
Jai marché vers lhorizon,
espérant te retrouver
entre sables et nuages
quand sinversent les marées.
Jai marché, le cur en fête...
Maintenant il se fait tard.
Lhorizon sest éloigné
telle une épave du soir.
Mais je marche, marche encore,
je nai pas perdu lespoir
de te croiser sur la grève
et de cueillir ton regard.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(21) SILENCE
Le silence a perlé un soir dans les abysses
et dans ce brouhaha fait de mer enchaînée,
sa voix sest fait entendre,
un souffle de sirène
émaillé de sanglots à peine perceptibles.
Le silence a parlé, tel un guide endeuillé.
Sa douleur était grande,
et ses larmes amères.
Lhomme venait déteindre
le dernier survivant que la Terre ait porté,
un oiseau lumineux aux yeux couleur de lune,
un oiseau que chacun surnommait Liberté.
Pour la première fois sexprimait le silence.
Et sa voix sans écho séteignit à jamais
en toute indifférence.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(22) BLEU
Le bleu sétire entre les cimes
et les nuages vagabonds.
Le bleu glisse dans les abîmes
et salanguit dans les vallons.
Le bleu dun jour parfois se grise,
la neige bleuit sur les branches.
Le bleu envoûte et hypnotise...
Bleu cérulé ou bleu pervenche.
Le bleu dun hiver en péril
lisse les peurs et les ennuis,
en équilibre sur un fil...
Bleu synonyme dinfini.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(23) OMBRES
Quand des ombres se forment,
séloignent, se rassemblent,
quand des ombres senvolent
ne sachant où aller,
je ne peux que souffler,
murmurer quelques mots
qui leur servent de voiles,
de radeaux de fortune.
Mes pensées vont vers elles,
ces ombres malmenées
que le destin délaisse.
Radeaux de la méduse
perdus dans la tempête.
Mes pensées vont vers elles,
leur courage insensé,
leurs espoirs impensables,
leur périple impensé.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(24) NEIGE PASSAGÈRE
Neige passagère
entre gris et vert...
Quelques vagues,
un peu décume
perlant au clair de la brume.
Neige sur la mer,
songe de lhiver...
Une mouette
se met à rire,
un grand cri mauve et saphir.
Neige entre deux mots
nage entre deux eaux.
Plus un bruit,
tout est langueur.
La neige adoucit nos peurs.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(25) Le mot égalité aurait enfin un sens
La vie dun étourneau
se partage en rêvant,
la vie dune hirondelle
pourrait en faire autant...
Pourtant les mots massaillent
sans fin, je minterroge :
pourquoi la vie est-elle
un déluge de larmes
pour ceux qui nont plus rien,
pas même
lombre dun soir ?
Pourquoi dautres sourient
sans penser à demain,
tant dautres sémerveillent
sous un ciel sans nuages...
Pourquoi cette injustice
qui ne peut sexpliquer ?
Il y a si longtemps
que ces questions résonnent
dans ma gorge serrée,
sur mes lèvres muettes...
Si lon pouvait cueillir
quelques brins de bonheur,
les tendre, les offrir,
savoir les partager...
Si la vie se parait
de plus dhumanité,
le mot égalité
aurait enfin un sens,
couleur insaisissable
au parfum de lenfance.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(26) L'IVRE DE VIE, LIBRE DE VIE
Une page est tournée
mais na pas disparu,
dinfimes cicatrices
y resteront gravées.
Le livre de la vie
sécrit au jour le jour.
Plume doie ou de fer,
taches dencre trop noire,
cris et larmes amères.
Les pages peu à peu
deviennent plus légères,
de semaine en semaine
et dannée en année.
Tous les mots de papier
se font mots de lumière.
Dansant sans hésiter,
Ivres de vie sans crainte...
Ivres, libres et fiers.
Quand vient le crépuscule,
le livre se referme.
Sans un bruit ni regret...
tout serait à refaire.
Une page senvole,
ce sera la dernière
de cette vie passée,
la première sans doute
dune vie à venir.
Vie dombre et de sourires.
Jespère.
Ann Rocard
Acrylique sur toile de l'auteure
Acryliques
(27) LA ROSE DU TEMPS
La rose
du temps
a fleuri cet hiver
dans la nuit mauve
sans le moindre repère.
La rose
du temps
naïve, simagine
quelle est aimée
sauvée par ses épines.
La rose
du temps
nest que rose des vents
à lhorizon
dun éternel printemps.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(28) THÉ HIER ET AUJOURD'HUI
Thé dun jour ou dune nuit,
thé dhier et daujourdhui,
théière échappée dun songe
fait de chants ou de mensonges.
Beau thé qui sans fin nous mène
où Proust et sa madeleine
ségaraient en souvenirs.
Bon thé pour la bienveillance
thé orbe en toute confiance,
point dorgue ou demi-soupir.
Sans thé, pas dinstant de pause,
de partage et de symbiose
sur les pas dun tétras lyre.
Fier thé pour qui sait renaître,
vent thé, ouvrons les fenêtres.
Tout finit par séclaircir.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(29) LOINTAIN PAYS DE SON ENFANCE
Lointain pays de son enfance
où la mer le berçait de bleu,
mer océan ou mère aimante.
Lointain pays auquel il pense
en fermant lentement les yeux
fuyant les craintes qui le hantent.
Une image soudain sélance,
une main lisse ses cheveux
Le voilà glissant sur les pentes.
Sa vie est une longue danse,
souvenirs de glace et de feu.
Trop souvent il la réinvente.
Le jour séloigne sans méfiance.
Est-il vraiment devenu vieux ?
La réponse le désoriente
si peu...
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(30) REFLETS
Quelques roseaux
au bord de leau,
immobiles, loin dun grand chêne,
vieux rescapé de La Fontaine.
A la surface de létang,
le ciel se noie,
le ciel ségare,
puis disparaît dans les sous-bois.
Vision étrange
quand seule est vraie
limage dun ciel que reflète
le miroir dun lac oublié
entre les tiges de roseaux,
les nuages sauge et cuivrés.
Vision étrange,
entraperçue
par celui qui plonge en lui-même
pour y chercher un ciel rêvé,
la danse souple dun poème,
ou le secret dun haïku.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(31) MURMURE (chanson)
Te souviens-tu dune rivière
qui serpentait au fond dun bois
dans la grisaille de lhiver,
et son murmure dautrefois ?
Jécoutais le chant de la neige,
je goûtais les fleurs de silence...
La brise égrenait des arpèges,
pianissimo et transparence.
Te souviens-tu de cette pause
sur un pont de rondins verdis,
le temps dune métamorphose
où lombre nous berçait de gris ?
Je sentais les blancs et les noirs
entrelacés dans la clairière
et je caressais du regard
de pâles bouquets de lumière.
Te souviens-tu de ce murmure
et de son refrain invisible,
telle une étrange enluminure
où plus rien nétait impossible ?
Quand les couleurs sont revenues,
nos chemins se sont séparés,
le murmure de leau sest tu...
Dans ma mémoire,
il nest resté
quune image désenchantée.
Ann Rocard
CHALLENGE 2021
LES POÈMES DE L'AUBE
Un poème chaque matin...
FÉVRIER
Photo de l'auteure
(1) L'AMOUREUX DES NUAGES
Lamoureux des nuages
est toujours à laffût
dun tableau insolite
quil ne reverra plus.
Une forme lattire,
une couleur lémeut
quand laube se retire
ou que le ciel prend feu.
Il se laisse aspirer
dans un monde sans âge,
il se laisse envoûter
sans craindre les naufrages.
Et dans chaque nuage,
il découvre un mystère,
histoire imprévisible
dune pierre angulaire.
Il demeure en suspens
quand le ciel lhypnotise,
il fait partie dun tout
que le soleil irise.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(2) DANS UNE BULLE D'AIR...
Se laisser emporter dans une bulle dair
et regarder la Terre
sans chercher à comprendre
pourquoi lhumanité a des côtés obscurs
qui jamais ne sauront disparaître ou faner.
Se laisser emporter, voir le monde à lenvers,
vert et bleu outremer pour effacer les ombres,
adoucir les contours des armes acérées
sans nager en eaux troubles
dans locéan glacé.
Se laisser emporter... Voyage en solitaire,
vivre linstant présent et frôler lhorizon.
Respirer sans languir, sémerveiller de tout
et survoler la mer en toute liberté.
Se laisser emporter... Embarquer pour Cythère
et ne plus séparer rêve et réalité.
Puis revenir enfin à son point de départ,
apaisé,
libéré des chaînes du passé.
Ann Rocard
N'ayant jamais écrit d'haïkus,
j'ai soudain envie de me pencher sur cette forme brève,
au rythme très particulier (5 syllabes 7 syllabes 5 syllabes).
575, le temps d'une respiration... et les mots restent en suspens.
Photo de l'auteure
(3) HAÏKU 1
Le souffle de laube
soulève un voile décume
et le ciel sembrume
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(4) HAÏKU 2
Pluie dun jour limpide
dans un jardin éphémère
Perles chrysalides
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(5) HAÏKU 3
La neige alentour
chante des mots éternels
Pause intemporelle
Ann Rocard
Acrylique de l'auteure
(6) QUAND LE NOIR A PRIS FEU...
Hier tout était noir
noir de jais sur la grève.
Hier tout ressemblait
à un gouffre sans fond.
Soudain tout a changé
sans la moindre raison.
Hier tout était noir,
noir dencre, noir sans sève.
Mais le noir a pris feu,
les flammes ont jailli
embrasant tout lespace,
offrant leur énergie.
Hier tout était noir,
aujourdhui tout est rêve.
Glissant par la lucarne
le soleil se languit
et des rais de lumière
dansent sur les taillis.
Hier tout était noir,
et la lune se lève.
Lété est encor loin
mais la chaleur émane
de la fenêtre ouverte
sur un monde diaphane.
Hier tout était noir,
tout explose sans trêve.
Le jaune est éternel
et couleur de loubli,
peau neuve de la terre,
il appelle la pluie.
Hier tout était noir,
le désespoir sachève.
Jaune ne peut séteindre,
il franchit lor du temps,
et rouge lensorcelle
dans une pluie de sang.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(7) HAÏKU 4
Posée sur mes lèvres
la douceur dun rêve mauve
quand la nuit sachève
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(8) HAÏKU 5
Rencontres fortuites
et larmes de stalactites
entre les rochers
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(9) HAÏKU 6
Leau dun vieux lavoir
nest que lillusion dun soir
entre blancs et gris
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(10) VERS UN AUTRE DESTIN
De marche en marche
vers un autre destin,
un pas puis lautre
dun jour sans lendemain.
Sans hésiter,
une main sur la rampe,
glisser enfin
au cur même
dune estampe.
De marche en marche,
lescalier nous attire
vers un ailleurs
parsemé de lampyres.
Sans hésiter,
guidés par la lumière,
glisser enfin
au cur même
de la terre.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(11) HAÏKU 7
Une lune bleue
se pose dans lair diaphane
sur un arbre en feu
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(12) HAÏKU 8
Des traces de pas
fuient lécorce abandonnée
quand sonne le glas
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(13) HAÏKU 9
La mer de nuages
invente un nouveau mirage
Qui saura latteindre ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(14) HAÏKU 10
Létoile dun soir
glisse sur un lit de mousse
Songe aléatoire
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(15) HAÏKU 11
La clarté diffuse
au sein dun lac intérieur
le parfum des heures
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(16) L'ONDE
Londe a cherché ses mots
sans espoir ni repos.
Dans létang malmené,
les bleus se désespèrent.
Pourtant les mots perdus
sont parfois retrouvés.
Londe élève la nuit
et les chants laccompagnent.
Un mystère
dont le sens nest pas encor compris.
La musique sépare ou parfois réunit.
La musique enveloppe
les amants qui senfuient.
Londe est le reflet gris
des vies qui samoncellent
et dans ses eaux sans fond,
un être minterpelle
Qua-t-il à dévoiler ?
Que veut-il me transmettre ?
Je fixe son regard dans locéan du temps
et lamour qui sen suit séloigne du néant.
Londe confie ses mots
à ceux qui les entendent,
les cueillent sans vouloir
en comprendre le sens.
Et quand le jour se lève,
ils saisissent enfin
ce mystère insoluble
que ces mots contenaient.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(17) HAÏKU 12
Rouge, noir et blanc
A minuit lhiver suspend
les fruits du sorbier
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(18) POUR UN RIRE DE MOUETTE...
Pour un rire de mouette
sur un ciel délavé,
On oublierait récifs, tempêtes et naufrages,
Racailles et rocailles,
à laffût sur les plages,
Tous ceux pour qui lécoute est un mot délaissé.
Pour un rire de mouette
dans un bouquet décume,
Irisé par la mer et les embruns de lune,
Vous pourriez sans effort survoler locéan,
Yeux dans le vague à lâme, embués par les vents.
Pour un rire de mouette,
vous changeriez le monde,
la nuit resplendirait, étoilée deau profonde,
avant de regagner, sans attendre laurore,
de regagner le port.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(19) HAÏKU 13
La fleur dhellébore
ouvre les yeux rose et or
sur un jour nouveau
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(20) OISELEUR
Au fond dun jardin sans couleurs,
il est un être que jignore ;
il est pour moi un oiseleur,
un ami ou peut-être un père
que je nai jamais rencontré ;
son nom disparut à laurore
noyé de rosée délétère.
Au fond dun jardin sans couleurs,
les arbres pleurent son absence...
Il est pourtant là dans lair pur
dun jardin qui se remémore
une épopée de liens obscurs.
Lai-je connu, imaginé ?
Est-il un souvenir denfance ?
Au fond dun jardin sans couleurs,
il est un être que lon aime
croiser au détour dun sentier,
silhouette aux reflets démail
paré de perles doxymores.
Si lon perçoit son immanence,
il nous élève entre deux eaux
et lon respire sa présence
à fleur de peau.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(21) HAÏKU 14
Ne dis plus un mot
Ecoute le chant de leau
Où senfuient les rêves ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(22) HAÏKU 15
Que sera le monde
quand les oiseaux se tairont ?
La mort a raison
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(23) JAVAIS HUIT ANS
Javais huit ans,
de lor dans les cheveux
et lenvie dêtre aimée.
Les jonquilles riaient
jaunes
à perte de vue
et je revis souvent
ces instants lumineux.
Javais huit ans
à lécoute du vent
et le cur en lambeaux.
Je roulais sur la pente,
les fleurs se relevaient
et leur rire éclatait
en milliers de soleils.
Javais huit ans
ne sachant que ce jour
resterait un cadeau.
Je vivais hors du temps,
jonquilles
au fond des yeux,
couronnes de fougères,
regards de mon grand-père
qui souriait sans cesse.
Javais huit ans,
cachant une blessure
sous le rire des fleurs
et riais avec elles.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(24) HAÏKU 16
Retour en arrière
à lorigine du temps
Etrange chimère
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(25) HAÏKU 17
Au bord du layon
lécho perdu dun frisson
La vie minterpelle
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(26) SEUL RESCAPÉ (chanson)
La fureur de léclair
avait jailli soudain.
Le monde était en guerre,
lenfant pleurait en vain.
On lui avait fait croire
à la paix éternelle,
aux plus belles histoires,
au bonheur arc-en-ciel.
Pas de sauve-qui-peut...
Qui pourrait sen soucier ?
Le monde était en feu,
lenfant seul rescapé.
Tout était rouge et noir.
Ses larmes tarissaient.
Il navait plus despoir
et le jour se levait.
Sur cet enfer de sang,
lenfant ferma les yeux
et bercé par le vent,
il murmura : je veux...
Oui, je veux que tout change,
que le passé revienne.
Mais un silence étrange
alimentait sa peine.
Que pouvait-il donc faire
dans ce monde perdu ?
Enfant, seul sur la Terre,
il gémit, puis se tut.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(27) HAÏKU 18
Plongée visionnaire
dans un passé révolu
Effet de lumière ?
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(28) FARANDOLE
Farandole...
Je menvole
et lécume batifole.
Puis un gravelot décolle
ravivant les souvenirs
quon croyait déjà fanés,
les images, les sourires
quon avait vite oubliés...
Souvenirs dun ciel nouveau
où les mots se font oiseaux,
où les fleurs tracent sans fin
les nuages de lespoir
sans craindre le lendemain.
Farandole au fil de leau,
farandole de mémoire...
Ann Rocard
MARS
Tableau de l'auteure
(1) HAÏKU 19
Lune rousse et or
sur le sable au crépuscule
Ballet funambule
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(2) HIVER ET PRIMEVÈRES
Etrange envie de fleurs
pour chasser les nouvelles,
les cris et les horreurs
que le monde déverse.
Courir se réfugier
dans un jardin secret
une heure, loin du temps,
à labri des tempêtes.
Echapper aux folies
de cette humanité
aux inégalités
qui ne font quempirer.
Trouver en plein hiver
deux ou trois primevères.
Simmerger un instant
dans leur éternité.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(3) HAÏKU 20
A lheure où le soir
lance un appel incertain
tout est illusoire
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(4) HAÏKU 21
Cueille une fleur dencre
Soudain les ombres séveillent
la nuit témerveille
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(5) RÉPONSE
La réponse était là,
sous la couche de neige.
Il lavait déposée
à laube de lhiver
en espérant quun jour
on la découvrirait.
Réponse non écrite,
faite de mots secrets
imprimés dans lécorce
dune souche invisible.
Il lavait murmurée
sans chercher à mentir ;
elle offrait alentour
lécho dun sortilège.
La réponse était là,
sous la couche de neige.
En ce matin de mars,
il fixait cet endroit
pour linstant inviolé,
cet espace à labri
du silence enneigé.
Il attendait en vain
larrivée du printemps
qui permettrait enfin
à tous ses mots muets
de pouvoir sexprimer.
La réponse était là...
Réponse et vérité.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(6) HAÏKU 22
Lécho dune pierre
à la surface de leau
Souffle nécessaire
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(7) CROCUS
Crocus à croquer
entre deux brins dherbe
Crocus étonnés
dans ce monde acerbe
Crocus en attente
dun autre futur
loin de la tourmente
et des moisissures
Crocus alanguis
un jour de dégel
Crocus à labri
dun éclat de ciel
Crocus dun matin
ou crocus dun soir
Reflets dun chagrin
Refrain dérisoire
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(8) HAÏKU 23
Chatons sans repère
dans lair bleuté de lhiver
rêvent docéan
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(9) TOURBILLON D'ÉTOILES
Un tourbillon détoiles
dans un regard de feu
et la nuit sillumine
sans espoir de retour.
Une pensée se voile...
Le monde était-il bleu
dans la nuit cristalline
aux reflets de velours ?
Et quand laube dévoile
image ou camaïeu,
un sourire enlumine
le ciel aux alentours.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(10) ECUME
Lécume se retire
laissant des mots gravés
sur le sable nacré.
Nul ne pourra les lire
car les vagues effacent
quelques lettres fugaces.
Reste le souvenir
dun secret murmuré
sur la plage enneigée.
Lécume se retire,
le temps passe et repasse
sur le sable sans traces.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(11) HAÏKU 24
Une chevelure
de neige avait recouvert
larbre légendaire
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(12) CE NÉTAIT PLUS ICI, CE NÉTAIT PLUS LÀ-BAS
Il entrouvrit les yeux,
le monde avait changé.
La nuit sétait teintée
de jaune, rouge et bleu.
Ce nétait plus ici,
ce nétait plus là-bas...
Le monde avait changé,
il ignorait pourquoi.
Les bleus volaient sans cesse
et les rouges criaient
décrivant leur détresse,
leur refus dexister.
Les bleus simaginaient
traverser lunivers
et les jaunes riaient,
inondés de lumière.
Les noirs séparpillaient
perdus dans cet espace
et les rouges pleuraient
en se voilant la face.
Il avait oublié
ce quil sétait passé.
Ce nétait plus ici,
ce nétait plus là-bas.
Il avait atterri
dans son propre tableau
où lombre de la nuit
ressemblait au chaos.
Prisonnier à jamais
du jaune, rouge et bleu,
il préféra rêver
et referma les yeux.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(13) HAÏKU 25
Un buisson de houx
dans la lumière enneigée
dun matin glacé
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(14) CHORÉGRAPHIE
En quelques pas de danse,
ils franchissent lespace
dun océan décume
et dombres qui senlacent.
La musique est en eux
et le rythme est en nous.
Gravelots sur la grève
où le ciel se dénoue.
Cette chorégraphie
apaise en un instant
des peurs insoupçonnées
et les laisse en suspens.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(15) HAÏKU DOUBLE 26
Montre-moi ta montre
Je te dirai qui tu es
On ne sait jamais
Montre-moi ta montre
Je te dirai sil est lheure
de croire au bonheur
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(16) HAÏKU 27
Je lai vu danser
à lhorizon gris et vert
entre ciel et mer
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(17) SUR LES DÉCOMBRES
Horreur dun soir
où tout explose,
où la violence fait fureur.
Les cris jaillissent
entre les roses...
La vie nest quun fétu de paille
entre les mains des fous de guerre.
Mains quils croient guidées par un dieu,
être lugubre et sanguinaire.
Horreur dun soir
où tout séteint
et dun matin noyé de larmes
à lhorizon sans lendemain...
Larmes de sources improbables
dont le sel ne peut plus sécher.
Le sang ruisselle entre les ombres
dans le silence et lair glacé.
Horreur quon espérait finie,
voilée par tous les beaux discours.
Mais les croyances
hélas perdurent,
le fanatisme est de retour...
Parmi les rares survivants,
des voix sélèvent, solitaires.
Pourtant qui saura les entendre
au fil des ans, des millénaires ?
Il se fait tard,
il se fait sombre,
et mon cur meurtri se délite
sur les décombres.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(18) HAÏKU 28
Quand il sest éteint
londe de lobscurité
la enveloppé
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(19) HAÏKU 29
Cassisflore en fleur
dun hiver qui se méprend
Dernier signe blanc
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(20) PREMIER JOUR DE PRINTEMPS
Premier jour de printemps...
Le jardin se réveille
dans la brume opaline,
accueillant mille oiseaux
qui soudain sinterpellent.
Curieuse ritournelle.
Premier jour de printemps...
Un parfum ensorcelle
celui qui saventure
près dune haie fleurie,
clématites dArmand
aux reflets verts et blancs.
Premier jour de printemps...
Le souffle imperceptible
des bourgeons qui sétirent,
frôle du bout de laile
lespoir de renaissance.
Invisible présence.
Premier jour de printemps...
La nature senivre
et transmet alentour
le désir dun futur
qui serait différent
aux quatre coins du temps.
Premier jour de printemps...
Surprenez le sourire
dune mésange bleue
ou dun merle moqueur
sur la branche dun pin.
Message sibyllin.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(21) HAÏKU 30
La vie se poursuit
de lautre côté du mur
en un long murmure
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(22) VÉRITÉS
La vérité se décompose
en fragments de lune ambigus.
La vérité nous met à nu,
les mensonges nous indisposent.
La vérité se croit unique,
perle sacrée de quelques-uns
qui détiendraient un parchemin,
fait de certitude éclectique.
Kaléidoscope éclaté,
la vérité nous met en face
dune étrange réalité
qui naffleure quà la surface
dun monde où règnent des croyances
auxquelles certains ne croient plus...
Dautres avec condescendance
sapproprient des idées reçues.
La vérité se décompose
en multiples battements dailes,
le temps infini dune pause...
car la vérité est plurielle.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(23) HAÏKU 31
Matin naufragé
Si les nuages senflamment
essaie doublier
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(24) SOURIRE EN DEMI-TEINTE
Dans la nuit, je chemine
sans craindre les écueils...
Nervures sur les feuilles
quand le ciel sillumine.
Au détour du sous-bois,
un éclat de lumière
et lécho dune voix
là-bas, dans la clairière.
Dans la nuit, je mévade,
sourire en demi-teinte,
chantonnant la ballade
dune époque défunte.
A lombre dun buisson,
quelques instants de paix,
le souvenir dun nom
qui ne séteint jamais.
Dans la nuit, je méloigne,
effleurant le sentier
au cur de la montagne
où je tai retrouvé.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(25) HAÏKU 32
Un grain de poussière
sur le chemin des étoiles
Tout nest que mystère
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(26) A LABRI DU FEUILLAGE
A labri du feuillage,
il observe les ombres,
le vol des oies sauvages
fuyant dans la pénombre.
A labri du feuillage,
il saisit des pensées,
étonnants témoignages
quon croyait oubliés.
A labri du feuillage,
il perçoit les reflets
dun horizon mirage
qui séloigne à jamais.
A labri du feuillage,
lespoir a disparu...
Il repense aux visages
quil na jamais revus.
A labri du feuillage,
il sapaise et commence
son tout dernier voyage.
Etrange renaissance.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(27) HAÏKU 33
Cueille un muscaris
à lorée dun bois de pins
Poursuis ton chemin
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(28) Jaurais aimé nager ainsi...
Cétait un matin de tempête.
Je métais posée sur les vagues
entre les algues, les rochers...
Et lécume tourbillonnait.
Un vent fou sifflait à tue-tête.
Je venais de la galaxie
où les planètes de cristal
scintillent comme des étoiles.
Jétais naïve, un peu distraite.
Je suis née entre rose et bleu
à lheure où le soleil colore,
le ciel et lombre avant laurore.
Au loin, le rire dune mouette...
Un cur battait au fond des eaux,
rythme lointain et rassurant ;
et je traversais locéan.
Sans la moindre pensée secrète,
jentendais le chant des baleines.
Jaurais aimé nager ainsi
au fil des siècles sans souci.
Parfois tout change ou bien sarrête...
La houle devenait violente ;
jai échoué sur un rivage
après neuf mois dun long voyage.
La vie entrouvre les fenêtres.
Jai savouré le vent salé,
une voix souvent entendue...
Le chant des baleines sest tu
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(29) HAÏKU 34
Le ciel salanguit
Enivré de mauve et rose
lhorizon senfuit
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(30) LE FIL DE LHISTOIRE
Quand le fil se faufile
dans le chas de laiguille,
il sourit aux étoiles,
à lespace
sans limites,
à lunivers entier,
sous une pluie si fine
que lui-même
sy perdrait.
Cest le fil dune histoire
et cest le fil du souffle,
le souffle de la vie,
le souffle de la nuit,
cette nuit insondable
dont on ne peut sortir,
tel un cocon douillet
où lon est à labri.
Cest un souffle extérieur
quon ne peut maîtriser,
un tyran domestique,
un tyran étatique.
Et pour lui échapper,
il nous faut faire appel
à un souffle intérieur,
invisible et puissant,
qui se transforme en brise
et calme locéan.
Cest une histoire ancienne
à la fin méconnue,
un fil qui se défile
sans raison ni logique,
un fil incandescent
qui na plus aucun sens
et qui pourtant nous guide
sur le chemin de vie.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(31) HAÏKU 35
Giboulées de mars
Les giroflées se dispersent
en larmes éparses
Ann Rocard
CHALLENGE 2021
LES POÈMES DE L'AUBE
Un poème chaque matin...
AVRIL
Tableau de l'auteure
(1) CONTRE VENTS ET MARÉES
Contre vents et marées,
affronter les tempêtes
en espérant toujours
atteindre lhorizon.
Contre vents et marées,
simaginer poète
contant au point du jour
une étrange chanson.
Contre vents et marées,
poursuivre à laveuglette
un impossible amour,
le souvenir dun nom.
Contre vents et marées,
jouer les trouble-fête,
exprimer alentour
ses revendications.
Contre vents et marées,
sen tenir à sa quête,
quête de jour en jour
malgré les tourbillons.
Contre vents et marées,
en barque ou goélette,
poursuivre sans retour
espoir ou illusions.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(2) SANS LIMITE ENTRE CIEL ET MER
Sans limite entre ciel et mer,
lhorizon nest quun souvenir
dun monde qui a disparu
un soir davril, un jour sans âme.
Je suis partie loin sur les flots
à la recherche dun futur
qui navait plus de raison dêtre.
Le vent soufflait,
soufflait sans cesse,
hostile aux espoirs de ma quête.
Mais javançais sans crier gare,
le regard fixé vers un point
inexistant et sans mémoire.
Javançais, portée par un songe,
un refrain jadis fredonné,
une ode à un bonheur perdu
un soir davril, un jour glacé.
Je suis partie, sans illusions
ni croyance préétablie.
Jai cheminé au gré des vagues
vers un mirage, une utopie
qui séloignait dans un murmure.
Sans limite entre ciel et mer,
la notion même dhorizon
navait plus que la consistance
dune larme au bord dun fossé.
Jai perçu soudain son parfum,
perlé dembruns et de pétales.
Je lai suivi, les yeux fermés.
Sans réfléchir, le cur ouvert...
Et peu à peu, ce souvenir
a pointé entre ciel et mer.
Nouvel horizon sans limites,
que jai cueilli sans hésiter...
un soir davril, un jour doré.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(3) ELLIPSES
Il parle par ellipses
sadressant à la ronde,
il jongle avec les mots.
Les idées se confondent.
Pourtant nous écoutons
son discours allusif,
raccourci éminent,
brodé de hiéroglyphes.
Un dialogue incompris
fait de sous-entendus.
Chacun picore en vain
des phrases suspendues.
Quand lellipse du verbe
vous ôte la parole,
comment interpréter
de telles paraboles ?
La communication
ségare dans la brume
Plus rien ne nous relie,
léchange se consume.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(4) LE CIEL EST BLANC SANS AMERTUME
Le ciel est blanc comme la neige,
voile de brume au petit jour.
Le ciel est blanc sans amertume
et sa caresse nous entoure.
Un ciel de lait qui sinterroge
sur la vie juste ou sirupeuse.
Un ciel qui porte encore en lui
le rêve oublié dune nuit.
Céleste est là, nappée daurore,
et sa présence est apaisante.
Elle dit les mots qui éclairent,
le sens perdu dune ophélie
et la tendresse dun instant.
Elle connaît laube cachée
dans la mémoire dun présent,
et sait que la vie se réfère
à léternel commencement
dun lieu sans lune ni repère.
Elle se fond dans le ciel blanc.
Elle est la sur, elle est la mère
ou bien lenfant qui nous est cher...
Elle est le double quon espère.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(5) HAÏKU 36
Je rêve ou lévite
Voyage intersidéral
Où sont les limites ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(6) PAROLES
Parole qui senvole,
trop libre et volatile.
Parole
sans fondement,
sans écho inutile.
Parole
faite de mots
monotones
ou méchants.
Quand les mots
sont des maux
pris au pied de la lettre,
des maux sans raison dêtre,
la parole détonne,
la parole est tonnerre
et peut transpercer lair,
lair de rien,
lair du temps.
Parole qui senvole,
assassine ou futile.
Des mots que lon échange,
où frémit lémotion
dun idéal détruit
et quon ne peut atteindre.
Mais les mots sont aussi
des fleurs du lendemain,
se fanant au matin
ou souvrant à la lune.
Les mots sont des joyaux,
éphémères
ou joyeux.
Avec ces mots caresses,
nous referions le monde,
utopie, renouveau
dans un monde sans maux.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(7) HAÏKU 37
Entre les rouages
de ces vies qui sentrecroisent
guetter un message
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(8) NE TE DÉCOUVRE PAS DUN FIL...
En avril
sans mobile,
ne te découvre pas
du moindre petit fil.
De quel fil
sagit-il ?
Celui qui permettrait
de ressortir indemne
dun labyrinthe obscur
où lon sest égaré ?
Nhésitez pas longtemps,
passez un coup de fil,
demandez à Ariane
le fil de ses pensées.
En avril,
difficile
de se croire en été
et den perdre le fil.
De quel fil
sagit-il ?
Celui qui vous apporte
bien du fil à retordre
ou qui vous importune,
tel un fil à la patte ?
Celui qui vous protège
quand lespoir dune vie
ne tient plus quà un fil,
sifflant : « Echec et mat ! ».
Quand avril
volatil
seffile au fil des jours,
un proverbe futile
se distille alentour.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(9) HAÏKU 38
Quand le jour séveille
écoute au cur de la treille
le chant du coucou
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(10) EN VAIN...
De fleur en fleur dans mon jardin,
une pensée chemine en vain.
Sa voix se perd dans le silence
du merle dont le chant sest tu.
Pensée légère
qui se dispense
de toute temporalité,
pensée dhiver
qui se disperse
entre brins dherbe et graminées,
Pensée légère
trop éphémère
à la recherche de lété.
Sur lécorce dun arbre mort,
une pensée chemine encore.
Sa quête est celle que le vent
égrène dans la nuit des temps.
Pensée qui ne sait que penser
de la vie dombre et de barrières.
Pensée qui se voudrait active
mais se perd au cur des bruyères.
Pensée dun soir,
pensée despoir
à la recherche de lumière.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(11) HAÏKU 39
Ta main sur ma peau
Soudain tout mon corps senflamme
Par monts et par vaux
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(12) UN AVION TRAVERSE LE CIEL...
Un avion traverse le ciel
à lheure où lombre se déchire.
Tel un oiseau à tire-daile,
il emporte mes souvenirs.
Jai beau rechercher les images
de cette époque surannée,
je ne revois quun noir rivage,
un cri sur le sable mouillé.
Sur la plage un enfant rêvait
dun monde bleu, imaginaire.
Silhouette sans un regret
quittant le froid dun long hiver.
Derrière un lambeau de nuages
se cache la vie dautrefois
qui embellissait les mirages
et changeait le timbre des voix.
Un avion traverse le ciel
et plonge dans léternité.
Je ne serai plus jamais celle
que je croyais avoir été.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(13) HAÏKU 40
Laisse-toi porter
par la brise et les embruns
Voyage sans fin ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(14) Eternel leitmotiv
Il déambule
en équilibre
sur le bois sombre des solives.
Un funambule
qui se croit libre
de vivre seul, à la dérive.
Centré sur lui
et son bien-être,
suivant sa propre perspective,
il se réjouit
et croit renaître
en une ultime tentative.
Sans un regard
pour ceux qui restent...
Cest léternel leitmotiv :
celui qui part,
lâche du lest
et séloigne sur lautre rive.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(15) Luf était dans la tombe...
Luf était dans la tombe,
il ne regardait rien.
Cahin-caha, dans lombre
dun toit aux reflets bruns.
Luf était dans la tombe,
il fuyait son destin.
Son regard était sombre,
lespoir sétait éteint.
Luf était dans la tombe,
il ignorait Caïn,
perdu dans la pénombre.
Tous deux ne faisaient quun.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(16) HAÏKU 41
Visage masqué
et sourire en embuscade
Sombre mascarade
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(17) SON VOYAGE SE TERMINE
Un long voyage sachève.
Il aperçoit les collines
quil imaginait en rêve
dans la brume zinzoline.
Il a parcouru les mers,
les deux mains sur les boulines,
se nourrissant de chimères...
Les nuages le fascinent.
Evitant le genre humain,
caressant sa mandoline,
il chantait les vieux refrains
dun pays quon assassine.
Il ne fuira plus sans fin
les conflits et la famine.
Il vivra auprès des siens...
Il est celui quon estime.
Aujourdhui, la côte est proche,
il écoute les clarines.
Pas de regrets ni reproches...
Son voyage se termine.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(18) HAÏKU 42
La boîte à musique
égrène un air métallique
venu de lenfance
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(19) JE MARCHAIS SUR LE CIEL
Te souviens-tu de ce matin ?
Je marchais sans bruit sur le ciel
et je navais que dix-sept ans.
Jétais candide et immortelle.
Lavenir sétendait à laube
des nuages en ribambelle.
Je dansais en apesanteur,
jétais lombre dune hirondelle.
La vie serait un long voyage,
le vent emportait les ombelles.
La nuit séloignait à pas lents...
Lutopie me donnait des ailes.
Tout reposait sur la confiance...
Mais la vie ne fut jamais celle
dont jimaginais laventure.
Les univers sont parallèles.
Te souviens-tu de ce matin ?
Peu à peu, le ciel se pommelle.
On ne peut changer le passé.
Laube vacille et je chancelle.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(20) EFFEUILLAGE
Le feuillage frissonne,
le feuillage où sécrit
le cycle de la vie
de nervure en nervure.
Le feuillage frémit,
un sentier apparaît.
Qui longe ce chemin
sans jamais sarrêter ?
Le temps... Le temps qui sait
que la voie est sans trêve
une avancée vers soi
et un pas vers les autres.
Sur le sentier défilent
les souvenirs perdus,
le souffle des paroles
que lon nécoute plus.
Lavenir se faufile
à labri des grands arbres
et jessaie de le suivre.
Où va-t-il ? Que mimporte,
le fil est à ma porte...
ma portée de musique
comme un refrain majeur.
La clef se trouve là,
clef de sol, clef de fa,
réponse existentielle
dans les sous-bois gelés
par la dernière nuit.
Le fil est à ma porte
et parle par énigmes.
Je ne comprends pas tout,
mais me laisse porter
par ce fil invisible,
effeuillage incertain,
ce fil qui me relie
au monde de demain.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(21) HAÏKU 43
Ils sifflent lespoir
dun jour au parfum de miel
Un air de Cybèle
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(22) DOUBLE
A la frontière
de lirréel
apparaît une silhouette.
Elle sapproche
à pas de lune.
Quel est son nom ? Quelle est sa quête ?
Ce nest sans doute
quune illusion,
sa propre image quon projette
là où lespace
est inconscient,
là où les rêves se reflètent.
A la frontière
de lirréel,
quel est ce double quon accepte ?
Celui quon est
ou quon sera
après lorage et la tempête.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(23) HAÏKU 44
Croque le soleil
Croque-le à pleines dents
quand il vole au vent
Ann Rocard
Photo de l'auteure...
à l'envers (l'auteure ou la photo ?)
(24) LA TERRE NE TOURNE PLUS ROND
Pieds en lair et tête en bas,
quelque chose ne va pas,
la Terre
ne tourne plus rond.
Il pleut des larmes de ciel
et les curs sont en dentelle.
Tête en bas et pieds en lair,
locéan est en colère.
La Terre
quitte son ellipse,
glisse sur la Voie Lactée
et la mer est médusée.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(25) PHILANTHROPIQUES
Ils suivaient des routes tracées
qui se croisaient parfois le soir
sans pour autant se rencontrer.
Echanges brefs et illusoires.
Au long des chemins elliptiques,
le regard fixé sur eux-mêmes,
ils se disaient philanthropiques,
ignorant le moindre dilemme.
Ils croyaient être les meilleurs,
ils connaissaient la Vérité.
Mais les mots nont pas de valeur
si lon ne sait les partager.
Un jour, les routes se distendent
et les certitudes seffritent.
Ils découvrent un no mans land...
Mais quarrivera-t-il ensuite ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(26) HAÏKU 45
Pris dans lengrenage
dun destin qui les opprime
Tourner une page ?
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(27) CUEILLE TA VIE À PLEINES MAINS
La vie vient comme elle est.
Vie de rêve ou de peur.
Rivière qui serpente
entre les champs de fleurs
ou les rochers abrupts,
les arbres qui seffeuillent...
évitant de justesse
les gouffres, les écueils.
Cueille-la ce matin.
Cueille sans hésiter
ta vie à pleines mains.
Suis le vol dun oiseau
et son parfum danis.
Ecoute la complainte
de tous les myosotis :
« Surtout ne moublie pas !
Cest le nom que je porte.
Vergiss, Vergissmeinnicht,
ou bien forget-me-not ! »
Cueille-la ce matin.
Cueille sans hésiter
ta vie à pleines mains.
Car la vie est en toi,
soleil venu dailleurs.
Il brille dans tes yeux,
il vibre dans ton cur.
Et tu sais partager
ce bouquet de rayons,
ces éclats de lumière
dénués de raison.
Cueille-la ce matin.
Cueille sans hésiter
ta vie à pleines mains.
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(28) SUR LA POINTE DES PIEDS
Sur la pointe des pieds,
il effleure lécume.
La mer est déchaînée
et les embruns parfument
un songe rose et gris.
Sur la pointe des pieds,
il atteint lhorizon.
Le Noroit courroucé
joue à saute-mouton,
mais quimportent ses cris.
Sur la pointe des pieds,
il survole les vagues.
Le jour sen est allé
et la brume divague
en attendant la nuit.
Ann Rocard
Tableau de l'auteure
(29) HAÏKU 46
Des mots des regards
des vies aux mille visages
Un même langage
Ann Rocard
Photo de l'auteure
(30) IMAGE EN MIROIR
Une image en miroir
révèle un autre monde
où fusent des questions,
des pensées vagabondes.
Le portrait déformé
dun lointain irréel
sur lequel le regard
glisse ou se renouvelle.
Du feuillage immergé
montent des étincelles,
des souvenirs fanés,
de vieilles ritournelles.
Picorer un fragment,
lembellir au soleil,
revisiter lespoir
dun jour bleu qui séveille.
Limage se dédouble,
nous berce dillusions.
Qui étions-nous alors ?
Un point à lhorizon...
Les racines dun arbre
plongent dans locéan
de sourires de marbre,
prisonniers dun étang.
Cette image en miroir
qui sefface parfois,
nous attire au-delà
des frontières du soi.
Les ombres et reflets
de ce monde extérieur
ne sont que les aspects
des battements dun cur.
Ann Rocard
Suite des Poèmes de l'aube
de MAI à AOÛT 2021 :
Suite du challenge 2021
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