La famille Poisson-d'avril
Une histoire pour les 4-9 ans (environ). Texte paru dans un livre épuisé «Histoires à croquer», éditions Lito.
Vous pouvez lillustrer avec les enfants de votre classe et me lenvoyer. Je vous répondrai, promis !
Ann Rocard
14990 Bernières sur mer
La famille Poisson-d'avril - Ann Rocard
La famille Poisson-davril vit dans le grand lac Ornichon, juste derrière les rochers bleu et vert.
Dans la famille Poisson-davril, il y a Émile, le père, un énorme poisson qui se met souvent en colère.
Eugénie, la mère, qui a de longs cils, ce qui est plutôt rare chez les poissons.
Les jumeaux Gloup et Glop qui se ressemblent comme deux gouttes deau.
Et le cousin Bil, le poisson aux gros sourcils, qui est farceur et polisson.
Pendant lannée, la famille Poisson-davril se fait aussi discrète que possible. Elle se cache derrière les rochers du lac Ornichon, sans la moindre bulle, sans le moindre bruit.
Mais quand arrive la fin du mois de mars, le cousin Bil fronce ses gros sourcils :
« Mes nageoires me chatouillent, mes écailles me gratouillent
- Nous aussi ! Nous aussi ! » répètent les jumeaux.
Alors Eugénie se met à rire et elle montre le calendrier suspendu à un rocher :
« Évidemment ! Demain, cest le 1er avril ! »
Le mois davril : ENFIN !
Le mois davril : le seul mois de lannée pendant lequel toute la famille peut samuser !
Et les cinq poissons se mettent à danser, lançant mille bulles vers la surface du lac.
Le lendemain, la famille Poisson-davril sort de sa cachette.
Le père nage en tête, suivi dEugénie, des jumeaux et du cousin Bil.
Où vont-ils ? Chut Poisson davril !
Sur les rives du lac Ornichon, les pêcheurs sinstallent : ils déposent leurs paniers, ils préparent leurs cannes à pêche. La canne, le fil de nylon, lasticot accroché au bout de lhameçon !
Et ils se frottent les mains en pensant à la bonne journée quils vont passer.
Bonne ? Peut-être pas si bonne que ça car une file de poissons savance lentement.
Émile a mis sa paire de lunettes-anti-pièges : il peut voir tous les hameçons cachés dans les asticots ; il peut apercevoir les pêcheurs assis au bord de leau.
« On y va ? simpatiente le cousin Bil.
- On y va ! » approuve Émile.
Aussitôt la famille Poisson-davril séparpille.
ZIP ! ZIP ! Gloup et Glop bondissent à la surface de leau.
« Jai vu un poisson volant ! » dit Gros-Pierre, un pêcheur.
Le cousin Bil fait un triple saut périlleux et il attrape au passage trois asticots dans un panier posé au bord de leau.
« Jai vu un poisson voleur ! » hurle Grand-Paul, un autre pêcheur.
Eugénie sapproche dun hameçon. Elle détache délicatement lasticot et le remplace par un soulier, un vieux soulier troué quelle a trouvé au fond du lac.
« Ça y est ! sécrie Gros-Pierre. Jai pêché un superbe poisson. »
Il remonte sa ligne avec précaution. Et que découvre-t-il ?
« Une chaussure, bien sûr ! » se moque Grand-Paul qui éclate de rire.
Émile pirouette au-dessus du chapeau de Gros-Pierre. Les jumeaux éclaboussent ses lunettes.
Le cousin Bil frôle la moustache de Grand-Paul ahuri tandis quEugénie chantonne au bord de leau :
« Jai vu un pêcheur volant,
jai vu un poisson voleur !
Jai vu un poisson pêchant
un affreux petit pêcheur !
Il fronçait ses gros sourcils :
cétait un poisson davril ! »
Alors Gros-Pierre et Grand-Paul désespérés rangent leurs asticots, leurs hameçons, leur fil de nylon et leurs cannes à pêche.
Et ils retournent chez eux en gémissant :
« En avril, si tu pêches, cest sans un fil ! En mai, fais ce quil te plaît ! »
Les cinq poissons ravis tourbillonnent à la surface du lac Ornichon. Vont-ils aussi rentrer dans leur abri de rochers ?
Mais non ! Leurs nageoires les chatouillent, leurs écaillens les gratouillent, ils ont les yeux comme des grenouilles. Ils ont envie de bouger, de sauter
Alors ils se dirigent vers deux autres pêcheurs : Gros-Jean et Grand-Luc.
Émile les observe grâce à ses lunettes-anti-pièges. Eugénie se met à chanter. Gloup et Glop prennent leur élan. Le cousin Bil fronce ses gros sourcils.
Où vont-ils ? Que font-ils ? Poisson davril !