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Naissance de certains personnages, généralités, etc.

Naissance de certains personnages de "CORDES SENSIBLES", généralités, etc.



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Personnages


Naissance d’un personnage par association d’idées. Par exemple, MAX


Je pense à des expressions en rapport avec la musique : Qui va piano va solo ---> personnage lent, pas pressé.
C’est un des personnages qui prononce cette phrase en précisant qu’il s’agit d’un proverbe italien... et je m’interroge : est-il italien ? Peut-être...
Je pense d’abord à un prénom à consonance italienne pour ce personnage, puis je pense à Max. Sans raison apparente, ça sonne bien.
Je me laisse aller et j’écris le passage qui démarre par le proverbe, sans réfléchir (sorte d’écriture automatique).
Du coup, je réalise que Max est lent peut-être dans ses actions, mais qu’il parle beaucoup et vite. C’est une contradiction intéressante à retenir.
De quel instrument pourrait-il jouer ? Il est apparemment tranquille. Il aime être assis - position violoncelle ou piano.
Il doit pouvoir avoir des gestes lents et caressants (pas tout le temps bien sûr) ---> donc violoncelle !
Et j’imagine Max, assis tranquillement, son violoncelle contre lui... et je me laisse aller, écrivant le passage où il compare l’instrument de musique à une jeune fille.
Voilà comment est né Max !

Naissance de Félix

Au départ, lui, je le vois réellement. C’est l’un de mes anciens élèves de théâtre que j’aime beaucoup. Pendant plusieurs années, il a fait du théâtre dans mes ateliers tous les mercredis. Au départ, il avait du mal, et puis un jour, il m’a dit : « Fais-moi confiance ! » et il m’a épatée. Sur le plan scolaire, ce fut aussi un déclic. Il a déjà été le héros d’une de mes nouvelles (« Dernières nouvelles des cabines de bois », éditions Corlet), nouvelle qui était un projet de court-métrage dans lequel il aurait joué. Rémi, un grand noir dégingandé, toujours le sourire aux lèvres, voyant le positif malgré une vie difficile. Et tellement sympa ! C’est vrai qu’avec les cheveux crêpés, il a pris 20 cm de plus et est devenu impressionnant ! L’an passé, je l’ai repéré dans une manif de lycéens... Dans la foule compacte qui serpentait, on apercevait une tête au-dessus de la masse : la sienne ! Respect, Rémi, tu es quelqu’un de bien !
Donc, physiquement, Félix, c’est lui avec ses cheveux crêpés, sa gentillesse et son sourire. Pour le reste (famille, musique, etc.) : c’est totalement imaginaire.
Quand j’invente un personnage, il peut y avoir des éléments vrais perdus au milieu de tas de détails inventés. Jamais, quelqu’un de réel ne prend vie dans l’une de mes histoires.


Naissance de Tristan

- Recherches sur la flûte.
Je note les contes traditionnels que je connais qui font référence aux flûtes.
La flûte est aussi l’instrument de musique utilisé le plus souvent au collège, seul instrument que certains auront l’occasion de toucher, d’utiliser.
De plus, j’aime la sonorité de la flûte en bois (j’en joue depuis l’école primaire, alors que je me suis mise à la flûte traversière à 22 ans).
Il y a aussi l’irlandais de 7th Circus que j’ai vu en Norvège et qui m’a marquée ; il joue de la flûte irlandaise et de l’harmonica.
- Choix du prénom. J’associe les prénoms Tristan et Iseult ; je garde Tristan, une Iseult verra peut-être le jour plus tard (finalement non !)
- Je connais beaucoup de jeunes en échec scolaire, également dans le cadre de mes ateliers-théâtre. Chacun a besoin de trouver sa voie, le moyen de s’exprimer, d’être enfin lui-même.
Mais quand j’écris, je n’y pense pas. Je me laisse aller, et toutes ces notions remontent à la surface comme des bulles, comme quoi ce sont des sujets qui me tiennent à cœur.
Dans le cas de Tristan, c’est un amalgame d’idées, de personnages multiples qui se fondent en un. La prof de musique est très proche d’une super prof que mes propres enfants ont eue au collège. Un jeune de 20 ans a récemment déclaré à mon plus jeune fils : « La musique, grâce à madame L......., c’était la seule chose que j’aimais au collège. »

***un tiktiri
des charmeurs
de serpents



Question

Pourquoi ce titre ?

Vous êtes nombreux à me poser cette question, je note donc ici ma réponse.
J'aime jouer sur les mots, vous avez dû vous en rendre compte. La corde sensible est le domaine où l'on réagit le plus. Il s'agit d'une métaphore de l'instrument de musique (instrument à cordes) au niveau affectif et/ou sensuel. Si l'on touche la corde sensible, si on la fait vibrer, cela entraîne une émotion particulière (agréable ou non). Chez les ados, ces connotations émotives sont souvent décuplées. Et les personnages de mon roman sont justement des adolescents, qui de plus aiment la musique.

Généralités

Ecriture de nouvelles

Quand j’écris, surtout en ce qui concerne les nouvelles, je n’ai jamais l’intention de faire passer un message. Les thèmes apparaissent d’eux-mêmes.
J’ai entendu un jour lors d’un débat auquel je participais (débat où je n’ai pu prononcer que deux phrases ! Merci pour l’égalité du temps de parole !) une femme expliquer que dans sa revue, on décidait de parler par exemple du divorce des parents, et elle écrivait un texte sur le sujet en question.
Ma façon d’écrire se rapproche plus des conteurs d’autrefois. Ceux qui ont raconté les premiers mythes, les premiers contes ou légendes, ne décidaient pas un beau matin : « Nous allons parler de la peur d’être dévorés ou de tel autre thème primordial ». Non, ils parlaient avec leurs tripes. Ils mettaient en mots ce qu’ils portaient en eux, les angoisses et désirs qui les habitaient. C’est ainsi que j’écris... (on m’avait alors sèchement interrompue lors de ce débat, en m’expliquant que l’Ecriture avec un grand E, ce n’était pas ça !)
Il s’agit donc d’une écriture proche de l’écriture automatique des Surréalistes, mais souvent à partir de ce que j’appelle ma boîte à mots ou boîte à idées contenant des notes, des noms, des expressions, des associations d’idées... que j’utilise ou non.
L’écriture d’un roman de type historique ou d’un polar est très différentes car elle nécessite une structure, une logique. L’écriture automatique n’intervient alors que par endroits, jamais sur l’ensemble du texte.
Il m’arrive aussi d’écrire pour (par exemple, pour les droits de l’enfant) ou contre (par exemple, contre le racisme), et dans ce cas, il y a beaucoup plus de réflexion et recherches avant la phase d’écriture elle-même.

En rade ?




Un hélicon



Quelquefois, je reste en rade. Fatiguée après quelques heures ininterrompues de travail ou après un déplacement loin de chez moi. Je pourrais laisser reposer l’ensemble... mais les délais pour rendre certains textes font que ce n’est pas toujours possible.
Du coup, je feuillette des livres - par exemple, pour CORDES SENSIBLES, avant d’écrire les sketches de Camille, je me suis plongée dans une encyclopédie des instruments de musique du monde entier, dans des livres d’histoire de la musique, dictionnaires et autres.
Je note des idées au fur et à mesure, pour compléter ma boîte à idées... Je sème des graines que j’utiliserai ou non. On verra bien...

Une suite possible


ALBUM



Ben aimait fouiller dans le grenier de sa grand-mère quand il venait lui rendre visite début juillet. Depuis le décès de son mari, la vieille dame déprimait. Elle ne jouait même plus de clarinette au crépuscule comme elle avait toujours aimé le faire.
Ce jour-là, Ben dénicha un grand carton bien ficelé. Il ne résista pas à la tentation et saisit son canif. Le carton contenait un amas de paperasses, des coupures de presse, un album de photos, un paquet et des objets emballés dans du plastique à bulles...
« Encore en train de fouiner ? » demanda la vieille dame.
Ben sursauta :
« Tu m’as fait peur, Mame ! Allez, viens ! »
La vieille dame ronchonna pour le principe ; en fait, elle adorait rejoindre son petit-fils dans les recoins de son passé.
« Je n’avais jamais vu ce carton-là, remarqua Ben. D’où vient-il ?
- Je ne me rappelle plus, hésita la vieille dame, perplexe. Tire-le donc sous le vasistas. »

Avec précaution, Ben déballa différents objets : une petite guitare à quatre cordes, une boîte noire...
« On dirait un film. C’est antédiluvien, ce truc. Impossible de visionner un machin pareil... hein, Mame ? »
La vieille dame se contenta de hocher la tête. Elle se souvenait à présent de ce carton : les affaires de son grand-père. Celui qu’elle adorait : Raf avec ses rides-sourires autour des yeux. Le grand-père Raphaël avait fait jurer à la famille de ne rien jeter. « Mes tranches de vie, répétait-il. Nos tranches de vie. »

Ben étala les coupures de presse jaunies sur une table de camping. Des gros titres et de courts articles :



Hector Vigo toujours porté disparu
au large de l’Australie.


Les Youkoulélés ovationnés.

Une étoile Michelin pour La banquise exquise.

Le soliste Félix Kombo en tournée au Japon.

Le docteur Jeanne Waldi
découvre un nouveau vaccin.


JACKPOT POUR LE REMAKE D’IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST AVEC LE SOSIE DE CHARLES BRONSON.

L’auteur célèbre Guillaume T. parodie Maurice Chevalier en publiant son futur best-seller Ma pomme, c’est moi !
Son épouse et éditrice Mélody T. nous confie ses impressions...



Ben renonça à tout déchiffrer. Il haussa les épaules et empila les morceaux de journaux :
« Je ne vois l’intérêt de conserver tout ça.
- Détrompe-toi. Ces gens-là comptaient sûrement beaucoup pour mon grand-père Raf. La vie passe tellement vite ; on a besoin de s’accrocher à des événements positifs, de se souvenir des bons moments. Ouvre donc ce paquet recouvert de papier kraft !
- Je parie que c’est un tableau ringard », dit son petit-fils qui éclata de rire en découvrant des femmes grasses et nues aux regards langoureux. « Dis donc, Mame, ton grand-père appréciait la bonne chair...
- La bonne chère aussi, précisa sa grand-mère. Mais l’artiste, c’était Hubert, mon arrière-grand-père. Ah, ça me ramène longtemps en arrière. »

Les mains de la vieille dame tremblaient à peine quand elle ouvrit l’album. Elle tournait les pages, et le temps s’écoulait.
Sur les photos : un groupe de musiciens souriants. Peu à peu, leurs cheveux grisonnaient ou se clairsemaient. Des rides se creusaient sur leurs visages. Ils se voûtaient légèrement...
Chaque été, une rencontre, des retrouvailles immortalisées. Et ce bonheur d’être ensemble. Ce bonheur évident. Malgré les distances, les chemins parallèles ou dissemblables.
« C’est lequel ton grand-père, Mame ?
- Regarde-le ! Tu lui ressembles tellement, dit la vieille dame. Il ne te reste qu’à apprendre à jouer du ukulélé. »
Et elle lui tendit la petite guitare.

Au fond du carton, quelque chose scintilla. Eclat de lumière venu d’une époque lointaine. Un petit diamant.




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Et si vous souhaitez me poser des questions particulières, n’hésitez pas !
À bientôt !