Le site de Ann Rocard

http://www.annrocard.com/

Léo, le lionceau (3-8 ans) (Théâtre et narration )

Ce texte théâtral est protégé par les droits d’auteur.
Vous devez obtenir l’autorisation de l’auteure soit directement auprès d'elle, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD : autorisations amateurs - sacd ).


2 VERSIONS :
théâtrale et narrative de




Léo, le lionceau



Spectacle de marionnettes (jeune public)
version théâtrale

de Ann ROCARD


Pièce également jouée par des acteurs.


Illustré pour le théâtre d'ombres par

Nicolas Aubert

.
Vous pouvez aller voir son site :
site de Nicolas Aubert



Caractéristiques


Durée approximative : 30 à 40 mn. (création en 1992 par la compagnie « Les Marionnettes 4 saisons »)

Distribution :
• Léo
• la girafe
• Coco le singe
• le zèbre
• le guépard
• l'autruche
• éventuels figurants : le lion, la lionne et les trafiquants ; d'autres animaux de la savane.

Accessoires : échasses et haut masque en carton pour la girafe, masques et costumes s’il s’agit d’acteurs.

Remarque :cette pièce a été écrite pour la compagnie "Les marionnettes 4 saisons". Elle a été également jouée par des acteurs.
Public : tout public.

Synopsis : Les parents de Léo ont été emportés vers un grand zoo. Léo recherche un ami ou des parents adoptifs. Mais un guépard affamé le guette... (création 1992)

L’auteure peut être contactée par courriel : annrocard@wanadoo.fr - ou par l’intermédiaire de son site : http:/www.annrocard.com/
••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••


Scène 1




Ombre de Nicolas Aubert



Mimer éventuellement au début, l'enlèvement du lion et de la lionne par les trafiquants.
Léo, le lionceau, est endormi. Il se réveille et regarde autour de lui.


LÉO : Papa ! Maman ! Où êtes-vous ? C'est moi, Léo. (demande aux spectateurs) Vous n'auriez pas vu mes parents ? Ils ont disparu...


Ombre de Nicolas Aubert



Léo cherche dans tous les coins. Puis il fait le tour des grandes pattes de la girafe. Les pattes se déplacent lentement.

LÉO : Tiens, c'est bizarre... Des arbres qui bougent !

GIRAFE : Oh, oh ! Un lionceau !

LÉO : Tiens, c'est bizarre... Des arbres qui parlent !

Le lionceau lève la tête et aperçoit la girafe.

GIRAFE : Bonjour, lionceau !

LÉO : Bonjour ! Ça alors ! Vous avez des jambes en arbre et un cou en serpent !



Ombre de Nicolas Aubert




GIRAFE : (hoche la tête) Je suis une girafe.

LÉO : Une carafe ?

GIRAFE : Non, une gi-ra-fe ! Que fais-tu là, tout seul ?

LÉO : Je cherche mes parents. Vous qui êtes si haute, vous les avez peut-être vus ?

GIRAFE : (soupire) Des hommes sont venus. Ils ont emporté des animaux dans un gros camion.

LÉO : Pourquoi ?

GIRAFE : Sans doute pour les mettre dans un grand zoo, très loin d'ici, de l'autre côté de la mer.

LÉO : Ils ont aussi emporté un papa lion et une maman lionne ?

La girafe fait oui de la tête. Léo baisse tristement la tête.

GIRAFE : Les lionceaux sont très courageux. Toi aussi, bien sûr ?

LÉO : Heu oui...

GIRAFE : À partir d'aujourd'hui, tu vas te débrouiller tout seul dans la savane, d'accord ?

LÉO : Heu oui...

GIRAFE : Écoute-moi bien ! Je vais te donner un conseil. Méfie-toi du guépard !

LÉO : Du guépard ?

GIRAFE : Oui, du guépard ! Il pourrait te manger. Si tu le vois, cours vite te cacher. Tu as compris ?

LÉO : Heu oui...

La girafe fait demi-tour et disparaît dans les coulisses.



Scène 2



Léo est seul.

LÉO : (soupire) Je ne sais pas si je suis courageux... Peut-être que oui, peut-être que non. Mais je sais que je ne connais pas les guépards. Avec un nom pareil, ils doivent être gais, très gais. Ils doivent rire tout le temps !

Voix du SINGE : (rit) Hi, hi, hi...

LÉO : Qu'est-ce que c'est ? Vous avez entendu quelque chose ? Un rire de guépard, peut-être ?

Un petit singe sautille au pied d'un arbre. Il agite les pattes comme un drôle de clown, mais le lionceau ne le voit pas. Léo tourne la tête à droite, puis à gauche. Tout à coup, le lionceau aperçoit le singe et il sursaute.


Ombre de Nicolas Aubert



LÉO : Au secours ! Un guépard qui rit !

SINGE : Moi, un guépard ?

LÉO : (supplie) Ne me mange pas ! Je t'en supplie...

SINGE : (rit) Hi, hi, hi... Premièrement, je n'ai pas faim ! Deuxièmement, je ne mange que des fruits. Je me présente : Coco le singe, amateur de noix de coco !

LÉO : (soupire) Ouf...

SINGE : Si tu avais une tête en forme de poire, je te croquerais !

LÉO : Maman, au secours !

SINGE : Hi, hi, hi... C'est une blague ! Je suis le roi des farces et des grimaces. Tu veux que je t'apprenne à faire d'horribles grimaces ? Gnac gnac gnac, tire la langue ! Gnoc gnoc gnoc, fais le pied de nez ! Hi, hi, hi... Tu ne trouves pas ça drôle ?

LÉO : (en secouant la tête) Non. Ce n'est pas très malin.

SINGE : Pourtant, je suis malin comme un singe ! Parole de Coco !

Le singe pirouette en applaudissant.

SINGE : Bravo ! Bravo ! Vive moi ! Vive Coco ! Tu veux jouer avec moi, lionceau ?

LÉO : Oh oui !

SINGE : Va voir là-bas si j'y suis !

Le lionceau fait le tour d'un arbre, jette un coup d'œil derrière un buisson pendant que Coco court se cacher.

LÉO : (soupire) Il n'y a personne. Coco, où es-tu ? Qui a vu le singe Coco ? Coco, reviens ! Je veux bien apprendre à faire des grimaces.

Le singe pointe la tête hors d'un buisson et fait trois galipettes.

SINGE : Trop tard, petit lionceau ! (disparaît de nouveau)

Léo se retrouve seul parmi les hautes herbes jaunes.



Scène 3



Peu après, un zèbre s'approche en broutant. Léo l'aperçoit et sursaute.


Ombre de Nicolas Aubert



LÉO : (s'enfuit) Au secours ! Au secours ! Un guépard !

ZÈBRE : Je ne suis pas un guépard !

LÉO : Au secours ! Une barrière à quatre pattes, une barrière qui sait parler !

ZÈBRE : Moi, une barrière ? (demande aux spectateurs) Est-ce que je ressemble à une barrière ? Je suis un zèbre.

LÉO : Un zèbre ? Ah oui ? Et qui a peint des rayures sur ton dos avec un pinceau ?

Le zèbre éclate de rire, tout en dansant. Léo le regarde, étonné.

ZÈBRE : Ha, ha, ha ! Personne ! Je suis né comme ça. Ha, ha, ha !

Léo fait comme le zèbre : il le suit en dansant et en riant.

LÉO : Ha, ha, ha !

ZÈBRE : Et que fais-tu ici, petit lionceau ?

LÉO : Avant, je cherchais mes parents. Maintenant, je cherche un ami... Veux-tu devenir mon ami ?

Le zèbre rit encore plus fort et gigote dans tous les sens.

ZÈBRE : Ha, ha, ha ! Impossible ! Les zèbres ne sont pas les amis des lions. Ha, ha, ha ! De plus, on m'attend ! Adieu !

Le zèbre disparaît entre les hautes herbes jaunes. Il fait un grand tour, puis revient à toute vitesse.

LÉO : (tout content) Tu viens me chercher ?

Sans répondre, le zèbre gratte le sol de la patte.

LÉO : Tu viens me chercher ?

ZÈBRE : Mais non !

LÉO : Tu as perdu quelque chose ? Je peux sûrement t'aider.

ZÈBRE : Mais non !

LÉO : Tu as perdu une rayure ?

Le zèbre sursaute.

ZÈBRE : (en colère) Une rayure ? Les zèbres ne perdent jamais leurs rayures... Ça, c'est sûr !

Le zèbre s'éloigne lentement et Léo le suit discrètement : il marche toujours juste derrière le zèbre.

ZÈBRE : Hum, hum... J'ai l'impression que quelqu'un marche derrière moi.

La scène suivante est répétée deux ou trois fois de suite : le zèbre se retourne, mais Léo disparaît aussitôt.

ZÈBRE : (grogne) Hum, hum... C'est peut-être le vent ? Hum, hum... (marche de nouveau) Hum, hum... (s'adresse aux spectateurs) Qui ose me suivre ?

La dernière fois, Léo répond à la question du zèbre.

LÉO : Personne !

ZÈBRE : (mécontent) Ce ne serait pas un lionceau, par hasard ?

LÉO : Non, non ! Pas du tout ! Tu es tout seul. Il n'y a pas un chat.

Le zèbre tourne la tête d'un côté, de l'autre... et il aperçoit soudain Léo qui tremble comme une feuille.

ZÈBRE : Tu es un petit menteur !

LÉO : Je sais...

ZÈBRE : Non, plutôt un petit blagueur. (Léo fait oui de la tête) Il faut que tu comprennes quelque chose : je ne suis pas ta mère.

LÉO : Je sais...

ZÈBRE : Je ne suis pas ton père !

LÉO : Je sais...

ZÈBRE : Je ne suis pas ton ami, non plus. Alors, arrête de me suivre ! Compris ?

LÉO : Compris...

Le zèbre fait demi-tour et disparaît pour de bon. Le lionceau, déçu, ne bouge plus et se met à pleurer.



Scène 4



Un guépard s'avance lentement et l'observe sans bruit. Léo ne le voit pas.


Ombre de Nicolas Aubert



GUÉPARD : (s'adresse aux spectateurs) Oh ! Parole de guépard, voilà mon déjeuner, tout trouvé. Je vais croquer ce lionceau. Eh, eh, je me lèche les babines…

Le gros animal s'approche sur la pointe des pattes.

GUÉPARD : J'ai une faim de loup... ou plutôt, une faim de guépard ! Oh, oh, ce lionceau ne se doute de rien. Eh, eh, je vais me régaler. Mais, il pleure... Beurk ! Il va être trop salé. Je vais d'abord le consoler.

Le guépard s'assied près du lionceau et le salue.

GUÉPARD : Bonjour !

LÉO : Bonjour. Snif...

GUÉPARD : Pourquoi pleures-tu ?

LÉO : Je n'ai pas d'ami, snif...

GUÉPARD : Si tu arrêtes de pleurer, je deviendrai ton ami. (s'adresse aux spectateurs, à voix basse) Ce n'est pas vrai, mais il ne faut pas le répéter.

Léo regarde attentivement le guépard.

LÉO : Vous avez l'air rudement fort...

GUÉPARD : Terriblement fort. Mais je suis surtout le plus rapide de la Terre !

LÉO : Plus rapide qu'un papa lion ?

GUÉPARD : Évidemment !

LÉO : Qu'est-ce vous êtes ?

GUÉPARD : Hum... Je suis un gué gué...

LÉO : Un guègue ?

GUÉPARD : Non, je suis très gai gai... (demande aux spectateurs) Je suis très gai, c'est bien vrai ?

Pendant que le guépard parle à Léo, une autruche arrive. Elle regarde et écoute sans se faire voir.

GUÉPARD : (s'adresse à Léo) Je suis un zèbre très gai !

LÉO : Un zèbre ? Mais vous n'avez pas de rayures !

GUÉPARD : Heu... Non, je les ai enlevées. Je les ai remplacées par des taches. (s'adresse aux spectateurs) Eh, eh, eh... Ça y est, il ne pleure plus ! C'est le moment de le manger. À trois, je le croque tout cru : un... deux...

LÉO : Moi, je connais un zèbre.

GUÉPARD : Ah oui ? Lun de mes cousins ?

LÉO : Il m'a dit qu'il ne pouvait pas perdre ses rayures.

GUÉPARD : Ce zèbre-là n'est pas très malin.

LÉO : Si vous savez enlever des rayures, vous savez aussi enlever des taches ?

GUÉPARD : Naturellement !

LÉO : Vous pouvez me montrer ?

GUÉPARD : (aux spectateurs) Ce lionceau commence à m'énerver avec toutes ses questions. Il est vraiment temps de le dévorer. À trois, je le croque tout cru : un... deux...

AUTRUCHE : (toujours dans son coin) Aïe, aïe, aïe... Le guépard prépare un mauvais tour. Ce lionceau va avoir des ennuis, c'est moi qui vous le dis. Aussi vrai que je suis l'autruche la plus intelligente de la région !

Pendant que l'autruche s'avance sur la pointe des pattes, le guépard ouvre grand sa gueule.

GUÉPARD : Dis-moi petit ! Entre amis, on peut se rendre des services.

LÉO : Bien sûr.

GUÉPARD : Regarde au fond de ma gorge ! Ça me fait mal. Vois-tu un os ou une arête ?

Léo s'approche de la gueule du guépard.



Ombre de Nicolas Aubert




Scène 5



À ce moment-là, l'autruche bondit à côté du guépard.

AUTRUCHE : Vite, petit lionceau ! Recule ! Dépêche-toi ou le guépard te croquera !

GUÉPARD : Quoi ! De quoi te mêles-tu, emplumée ?

LÉO : Ce n'est pas un guépard ! C'est mon ami... mon seul ami !

GUÉPARD : Eh, eh, eh... Un ami qui va te dévorer !

Le lionceau fait un bond en arrière. L'autruche le saisit par la peau du cou et elle l'emporte à toute vitesse, poursuivie par le guépard.

GUÉPARD : (en grondant) Au voleur ! On m'a volé mon déjeuner ! Au voleur ! Attrapez-la ! Attrapez cette autruche emplumée ! (souffle car il a du mal à respirer) Ffff... Ffff... Depuis quelque temps, je m’essouffle vite ; je dois être malade. Ffff… Ffff… Il faut que je prenne rendez-vous chez le docteur. Ffff…

L'autruche va et vient, poursuivie par le guépard. Le guépard, essoufflé, finit par s'arrêter de courir.

GUÉPARD : (essoufflé) Ffff... Je n'en peux plus. Ffff… Je ne peux plus respirer... Ffff… j'abandonne la partie...

Le guépard s'éloigne lentement et disparaît.



Scène 6



L'autruche dépose doucement le lionceau sur son dos.

AUTRUCHE : Tu peux dormir. Là, tu ne crains rien. Au fait, que cherchais-tu, tout seul dans la savane ?

LÉO : Je cherchais un ami ou une amie... Mais je crois que je l'ai trouvée.

AUTRUCHE : Je le crois aussi...

Musique douce. L'autruche berce le lionceau. La lumière baisse peu à peu.

AUTRUCHE : Bonne nuit, Léo ! Fais de beaux rêves. Bonne nuit, petit lionceau.



Ombre de Nicolas Aubert



Noir. Fin de la musique.


Fin

•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••


Spectacle de marionnettes (jeune public)
version narrative



LÉO, LE LIONCEAU

Ann Rocard




Léo, le lionceau, s’éveille.
Ses parents et ses frères ont disparu.
D’abord il les cherche partout,
puis il fait le tour de longs troncs d’arbre, tout tachetés.
Les troncs d’arbre se déplacent lentement...
et Léo s’étonne :
« Tiens, c'est bizarre... Des arbres qui bougent !
— Oh, oh ! Un lionceau ! dit une voix.
— Tiens, c'est bizarre, ajoute Léo. Des arbres qui parlent ! »

Le lionceau lève la tête et qu’aperçoit-il ?
Une drôle de bête avec un très long cou.
« Bonjour, lionceau !
— Bonjour ! Ça alors ! sursaute Léo.
Vous avez des jambes en arbre et un cou en serpent ! »

Le drôle d’animal hoche la tête :
« Je suis une girafe. ..
— Une carafe ?
— Non, une gi-ra-fe ! Que fais-tu là, tout seul ?
— Je cherche mes parents, répond Léo.
Vous qui êtes si haute, vous les avez peut-être vus ? »

La girafe pousse un long soupir et elle explique :
« Des hommes sont venus.
Ils ont emporté des animaux dans un gros camion.
Sans doute pour les mettre dans un grand zoo,
très loin d'ici, de l'autre côté de la mer.
— Ils ont aussi emporté un papa lion et une maman lionne ? »
s’inquiète Léo.

La girafe fait oui de la tête et elle ajoute :
« Les lionceaux sont très courageux. Toi aussi, bien sûr ?
— Heu oui...
— À partir d'aujourd'hui, tu vas te débrouiller
tout seul dans la savane, d'accord ?
— Heu oui...
— Écoute-moi bien, petit lionceau !
Je vais te donner un conseil.
Méfie-toi du guépard ! Il pourrait te manger.
Si tu le vois, cours vite te cacher. Tu as compris ?
— Heu oui... » dit Léo qui n’en est pas très sûr.

La girafe fait demi-tour et s’éloigne dans la savane.
Le lionceau se retrouve seul et il réfléchit :
« Je ne sais pas si je suis courageux...
Peut-être que oui, peut-être que non.
Mais je sais que je ne connais pas les guépards.
Avec un nom pareil, ils doivent être gais, très gais.
Ils doivent rire tout le temps ! »

Une petite voix perchée se met à rire :
« Hi, hi, hi... »
Et Léo s’interroge :
« Qu'est-ce que c'est ?
Un rire de guépard, peut-être ? »
Hop hop hop !
Un petit singe sautille au pied d'un arbre.
Il agite les pattes comme un drôle de clown,
mais le lionceau ne le voit pas.
Léo tourne la tête à droite, puis à gauche.
« Hi, hi, hi... »

Tout à coup, le lionceau aperçoit le singe et il gesticule :
« Au secours ! Un guépard qui rit ! »
Le singe se gratte la tête :
« Moi, un guépard ?
— Ne me mange pas ! supplie Léo.
Ne me mange pas !
— Hi, hi, hi... s’amuse le singe.
Premièrement, je n'ai pas faim !
Deuxièmement, je ne mange que des fruits.
Je me présente : Coco le singe,
amateur de noix de coco ! »

Léo est soulagé. Ouf, ce n’est pas un guépard !
Mais le singe se moque de lui :
« Hi, hi, hi... Si tu avais une tête en forme de poire,
je te croquerais !
— Maman, au secours ! crie Léo.
— Hi, hi, hi... C'est une blague !
Je suis le roi des farces et des grimaces.
Tu veux que je t'apprenne à faire d'horribles grimaces ?
Gnac gnac gnac, tire la langue !
Gnoc gnoc gnoc, fais le pied de nez !
Hi, hi, hi... Tu ne trouves pas ça drôle ? »

Léo secoue la tête :
« Non. Ce n'est pas très malin.
— Pourtant, je suis malin comme un singe !
Parole de Coco ! »
Et le singe ravi pirouette et applaudit :
« Bravo ! Bravo ! Vive moi ! Vive Coco !
Tu veux jouer avec moi, lionceau ?
— Oh oui ! dit Léo.
— Va voir là-bas si j'y suis ! »
ordonne le singe en montrant un grand arbre.

Le lionceau fait le tour de l’arbre,
jette un coup d'œil derrière un buisson
pendant que Coco court se cacher.
« Il n'y a personne, remarque Léo.
Coco, où es-tu ? Coco, reviens !
Je veux bien apprendre à faire des grimaces. »
Le singe pointe la tête hors d'un buisson
et il fait trois galipettes en gloussant :
« Hi, hi, hi... Trop tard, petit lionceau ! »
Puis il disparaît pour de bon.

Léo se retrouve seul parmi les hautes herbes jaunes.
Peu après, le lionceau aperçoit un animal
rayé de noir et de blanc.
Vite, il s’enfuit en courant :
« Au secours ! Au secours ! Un guépard !
— Je ne suis pas un guépard ! affirme l’animal.
— Au secours ! répète le lionceau.
Une barrière à quatre pattes, une barrière qui sait parler !
— Moi, une barrière ? dit l’animal, mécontent.
Je ne suis pas une barrière. Je suis un zèbre.
— Alors qui a peint des rayures sur ton dos avec un pinceau ? »
demande Léo.

Le zèbre éclate de rire, tout en dansant :
« Ha, ha, ha ! Personne n’a peint mes rayures.
Ha, ha, ha ! Je suis né comme ça. Ha, ha, ha !
Léo fait comme le zèbre : il le suit en dansant et en riant.
« Ha, ha, ha ! Tu es né comme ça ! Ha, ha, ha ! »
Le zèbre l’interrompt :
« Que fais-tu ici, petit lionceau ?
— Avant, je cherchais mes parents.
Maintenant, je cherche un ami... explique Léo.
Veux-tu devenir mon ami ? »

Le zèbre rit encore plus fort et gigote dans tous les sens :
« Ha, ha, ha ! Impossible !
Les zèbres ne sont pas les amis des lions.
Ha, ha, ha ! De plus, on m'attend ! Adieu ! »
Le zèbre disparaît entre les hautes herbes jaunes.
Soudain, il fait un grand tour et revient à toute vitesse.
« Tu viens me chercher ? » dit le lionceau, tout content.

Sans répondre, le zèbre gratte le sol de la patte.
« Tu viens me chercher ? répète le lionceau.
— Mais non !
— Tu as perdu quelque chose ? dit Léo gentiment.
Je peux sûrement t'aider.
— Mais non !
— Tu as perdu une rayure ? » demande Léo.

Le zèbre se fâche :
« Une rayure ?
Les zèbres ne perdent jamais leurs rayures...
Ça, c'est sûr ! »
Sans ajouter un mot, le zèbre s'éloigne lentement
et Léo le suit discrètement.
« Hum, hum... ronchonne le zèbre.
J'ai l'impression que quelqu'un marche derrière moi. »
Le zèbre se retourne, mais Léo disparaît aussitôt.
« Hum, hum... C'est peut-être le vent ?
grogne le zèbre en marchant à petits pas.
Hum, hum... Qui ose me suivre ?
La dernière fois, Léo répond à la question du zèbre.
— Personne ! répond Léo.
— Ce ne serait pas un lionceau, par hasard ?
dit le zèbre en colère.
— Non, non ! Pas du tout ! souffle Léo.
Tu es tout seul. Il n'y a pas un chat. »

Le zèbre tourne la tête d'un côté, de l'autre...
et il aperçoit soudain Léo qui tremble comme une feuille.
« Tu es un petit menteur ! gronde le zèbre.
— Je sais... chuchote Léo.
— Non, plutôt un petit blagueur,
dit le zèbre qui se radoucit.
Il faut que tu comprennes quelque chose :
je ne suis pas ta mère.
— Je sais... chuchote Léo.
— Je ne suis pas ton père !
— Je sais... chuchote Léo.
— Je ne suis pas ton ami, non plus.
Alors, arrête de me suivre ! ordonne le zèbre.
Compris ?
— Compris... » chuchote Léo.
Le zèbre fait demi-tour et disparaît dans la savane.

Le lionceau, déçu, ne bouge plus et se met à pleurer...
Il pleure si fort qu’il ne voit pas un gros animal
qui s'avance lentement et l'observe sans bruit.
C’est un guépard qui se lèche les babines :
« Oh ! Parole de guépard, voilà mon déjeuner, tout trouvé.
Je vais croquer ce lionceau. Eh, eh, eh... »

Le gros animal s'approche sur la pointe des pattes :
« J’ai une faim de loup... ou plutôt, une faim de guépard !
Oh, oh, ce lionceau ne se doute de rien.
Eh, eh, je vais me régaler. »
Le gros animal ouvre la gueule,
puis il s’arrête et remarque :
« Mais, cette bestiole pleure...
Beurk ! Il va être trop salé.
Je vais d'abord le consoler. »

Le guépard s'assied près du lionceau et le salue :
« Bonjour !
— Bonjour, répond Léo. Snif...
— Pourquoi pleures-tu ? interroge le guépard.
— Je n'ai pas d'ami, snif...
— Si tu arrêtes de pleurer, je deviendrai ton ami, »
propose le guépard qui ajoute à voix basse :
« Chut ! Ce n'est pas vrai, mais il ne faut pas le répéter. »

Léo regarde attentivement le gros animal :
« Vous avez l'air rudement fort...
— Terriblement fort, se vante le guépard.
Mais je suis surtout le plus rapide de la Terre !
— Plus rapide qu'un papa lion ? s’étonne Léo.
— Évidemment ! dit fièrement le guépard.
— Qu'est-ce vous êtes ? » demande le lionceau.

Le guépard hésite :
« Hum... Je suis un gué gué...
— Un guégué ?
— Non, je suis très gai gai... toussote le guépard.
Je suis un zèbre très gai ! »

Pendant que le guépard parle à Léo,
une autruche arrive en se dandinant.
Elle s’arrête derrière un buisson
et observe ce qui se passe, sans se faire remarquer.

Le guépard répète d’une voix plus forte :
« Oui, c’est ça. Je suis un zèbre très gai ! »
Le lionceau écarquille les yeux :
« Un zèbre ? Mais vous n'avez pas de rayures !
— Heu... Non, je je je, bafouille le guépard.
Je les ai enlevées. Je trouvais ça démodé.
Je les ai remplacées par des taches. »
Et le guépard murmure en ricanant :
« Eh, eh, eh... Ça y est, il ne pleure plus !
C'est le moment de le manger.
À trois, je le croque tout cru : un... deux... »

Le lionceau sautille à côté du guépard
et il explique, très sérieusement :
« Moi, je connais un zèbre.
— Ah oui ? dit le guépard. L’un de mes cousins ?
— Il m'a dit qu'il ne pouvait pas perdre ses rayures,
raconte Léo.
— Ce zèbre-là n'est pas très malin », se moque le guépard.

Léo réfléchit en agitant ses petites oreilles :
« Si vous savez enlever des rayures,
vous savez aussi enlever des taches ?
Vous pouvez me montrer ?
— Naturellement ! » affirme le guépard
qui grogne entre ses dents :
« Ce lionceau commence à m'énerver avec toutes ses questions.
Il est vraiment temps de le dévorer.
À trois, je le croque tout cru : un... deux... »

L’autruche a tout vu et tout entendu, et elle s’inquiète :
« Aïe, aïe, aïe... Le guépard prépare un mauvais tour.
Ce lionceau va avoir des ennuis, c'est moi qui vous le dis.
Aussi vrai que je suis l'autruche la plus intelligente de la région ! »

Pendant que l'autruche s'avance sur la pointe des pattes,
le guépard ouvre grand la gueule :
« Dis-moi petit ! Entre amis, on peut se rendre des services.
— Bien sûr, sourit Léo.
— Regarde au fond de ma gorge !
Ça me fait mal, dit le guépard.
Vois-tu un os ou une arête ? »

Sans se méfier, le lionceau tend son museau...
À ce moment-là, l'autruche bondit à côté du guépard
et elle ordonne :
« Vite, petit lionceau ! Recule !
Dépêche-toi ou le guépard te croquera !
— Quoi ! rugit le guépard.
De quoi te mêles-tu, emplumée ? »
Et Léo proteste :
« Ce n'est pas un guépard !
C'est mon ami... mon seul ami !
— Eh, eh, eh... Un ami qui va te dévorer ! »
ricane le guépard.

Terrifié, le lionceau fait un bond en arrière.
L'autruche le saisit par la peau du cou
et elle l'emporte à toute vitesse,
poursuivie par le guépard qui gronde :
« Au voleur ! On m'a volé mon déjeuner ! Au voleur !
Attrapez-la ! Attrapez cette autruche emplumée ! Ffff... Ffff... »

C’est l’animal le plus rapide du monde, en ligne droite,
mais l’autruche est très maligne :
elle va et vient,
elle zigzague, zigzague, zigzague
et le guépard n’arrive pas à la rattraper :
« Ffff... Ffff... Depuis quelque temps, je m’essouffle vite ;
je dois être malade. Ffff… Ffff…
Il faut que je prenne rendez-vous chez le docteur. Ffff… »

Le guépard, essoufflé, finit par s'arrêter de courir :
« Ffff... Je n'en peux plus.
Ffff… Je ne peux plus respirer...
Ffff… l'abandonne la partie... »
Et il s’éloigne, la queue basse et le ventre vide.

Alors l'autruche dépose doucement le lionceau sur son dos
et elle lui souffle à l’oreille :
« Tu peux dormir. Là, tu ne crains rien.
Au fait, que cherchais-tu, tout seul dans la savane ?
— Je cherchais un ami ou une amie, répond Léo.
Mais je crois que je l'ai trouvée.
— Je le crois aussi... » chuchote l'autruche
qui berce doucement le lionceau.

Le soleil glisse derrière les herbes jaunes.
La nuit tombe lentement sur la savane
et Léo, bien au chaud, rêve déjà sous les étoiles.
« Fais de beaux rêves, murmure l’autruche.
Bonne nuit, petit lionceau. »